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Médiation sociale : le gouvernement veut réformer le statut des adultes-relais

  • décembre 7, 2023

Les acteurs de la médiation sociale attendaient cela depuis longtemps : Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’Etat à la Ville, lance un groupe de travail et une mission d’inspection sur la médiation sociale sous statut d’adultes-relais. Objectif : simplifier ce statut et mieux former les médiateurs sociaux. En parallèle, la proposition de loi visant à mieux reconnaitre la médiation sociale devrait être discutée à l’Assemblée nationale, elle aussi après de longs mois d’attente.

 

Le maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), Vincent Jeanbrun, et la secrétaire d’Etat à la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, le 4 décembre 2023.

C’est l’une des mesures voulues par la Première ministre, Elisabeth Borne, dans son plan anti-émeutes présenté le 26 octobre [1] et réitéré le lendemain au cours du Comité interministériel des villes : « renforcer la présence humaine dans les quartiers en simplifiant et en accompagnant la professionnalisation des adultes-relais ».

Dans cette perspective, la secrétaire d’Etat chargée de la Ville et de la citoyenneté, Sabrina Agresti-Roubache, a profité d’un déplacement à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), le 4 décembre, pour annoncer le lancement d’une « consultation pour la professionnalisation et la simplification du dispositif de médiation des adultes-relais », comme elle l’avait évoqué, le 7 novembre, auprès de « La Gazette ».

Une ambition qui renvoie également à une promesse faite par Emmanuel Macron, le 26 juin, à Marseille, en réponse à une médiatrice sociale qui l’interpellait sur son métier.

A ce jour, le nombre d’adultes-relais en France se situe entre 5 000 et 6 000, recrutés par des collectivités ou des associations, pour l’heure, selon trois critères : avoir moins de 26 ans, résider dans un quartier de la politique de la ville et être inscrit à Pôle emploi. Le soutien de l’Etat pour leurs postes porte sur une enveloppe globale de 100 M€.

 

Trois inspections générales mandatées

La consultation lancée par la secrétaire d’Etat va prendre la forme d’un groupe de travail. Sa composition est « encore en cours de construction », assurent les proches de Sabrina Agresti-Roubache, mais ils ont d’ores et déjà pensé solliciter des opérateurs spécialisés (France Médiation, Union nationale Pimms, réseau des correspondants de nuit et de médiation sociale, La Fédé médiation), des associations d’élus (AMF, France Urbaine, Forum français pour la sécurité urbaine, Villes de France, Ville et banlieue), des services de l’ANCT (DGCL, secrétariat général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation), ainsi que des bailleurs.

En parallèle, une mission va être confiée aux inspections générales de l’administration, des affaires sociales, ainsi que de l’environnement et du développement durable (respectivement IGA, Igas et Igedd). Celles-ci, tout comme le groupe de travail, devront s’atteler entre janvier et avril, à « revoir le cadre juridique et financier des adultes- relais en mettant l’accent sur la simplification administrative, ainsi que le renforcement de leur formation ».

 

La proposition de loi « Vignal » bientôt en débat

Cette consultation répond à une attente du réseau des structures spécialisées, notamment, de France médiation… « Même si nous poussions pour que l’on parle de professionnalisation du métier des médiateurs sociaux, et non pas des adultes-relais, qui est leur statut », explique son président, Xavier Rochefort. Il pointe, d’ailleurs, le fait que « tous les médiateurs sociaux ne sont pas adultes-relais » : les effectifs en la matière de l’Association Lyon tranquillité médiation (ALTM), qu’il dirige, ne comptent ainsi que deux personnes sous ce statut et 33 autres en CDI de droit privé.

Une proposition de loi visant à faire reconnaître ce métier de médiateur social, déposée par Patrick Vignal, député Renaissance de l’Hérault et auteur, en 2022, d’un rapport intitulé « Remettre de l’humain dans l’urbain », attend, depuis plusieurs mois, son inscription au calendrier des débats de l’Assemblée nationale. Mais, là aussi, les choses semblent bouger : « Selon les dernières nouvelles que nous avons reçues, il serait prévu qu’elle soit discutée fin janvier-début février », se félicite Xavier Rochefort.

  • La médiation sociale toujours en quête de reconnaissance

En attendant, la consultation va être utile, selon lui, sur un premier point : « Assainir le secteur ». Actuellement, assure-t-il en effet, des associations ou autres structures bénéficient de financements de l’Etat au travers de conventions adultes-relais, mais n’affectent pas ces personnes à des missions de médiation sociale, comme le prévoit théoriquement le dispositif.

 

Vers un bac +2

Le groupe de travail doit aussi étudier comment mieux former les médiateurs sociaux. « L’objectif est de leur donner un niveau bac +2, a assuré Sabrina Agresti-Roubache, à L’Haÿ-les-Roses, parce que, quand quelqu’un se sent universitaire, valorisé, il a une perspective dans la vie. » Pour elle, c’est aussi un moyen de « remettre de la vocation dans le social ». Il existe actuellement plusieurs titres ou certifications professionnelles dans ce domaine, mais France médiation travaille également à la construction d’un tel diplôme de niveau bac +2 avec l’Institut régional supérieur du travail éducatif et social (Irtess) de Bourgogne. Pour la secrétaire d’Etat, outre les compétences-métiers, il faut que les médiateurs sociaux soient également formés à des thèmes comme l’égalité femmes-hommes, la prévention de la radicalisation ou encore celle des conduites addictives.

Des résultats de ces travaux dépend aussi la poursuite ou non des « Bataillons de la prévention », dispositif qui déploie, depuis 2021, des médiateurs et des éducateurs dans 45 territoires. En attendant, la secrétaire d’Etat reconduit ce dispositif pour l’année 2024. Celui-ci, qui vise le financement de binômes médiateurs sociaux- éducateurs de prévention, semble avoir obtenu des résultats très inégaux selon les territoires. « Le problème est que les éducateurs sont employés par des associations de prévention financées par les départements tandis que les postes de médiateurs dépendent de la volonté des villes, commente Catherine Arenou, maire de Chanteloup- les-Vignes et coprésidente de la commission “politique de la ville” de l’AMF. Or il y a une obligation d’embauche alors que les financements d’adultes-relais ne sont prévus que pour 18 mois. » C’est l’un des freins qui pourra être étudié par le groupe de travail.

Enfin, Sabrina Agresti-Roubache élargit la consultation à d’autres dispositifs utilisant des méthodes de médiation, comme les « Gilets roses », dispositif de soutien à des collectifs de femmes ayant été lancé en 2021 et arrêté en 2022. Elle souhaite aussi aller vers « une coordination optimale entre les médiateurs sociaux et d’autres professionnels financés par la politique de la ville et intervenant sur le terrain ».